Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mardi, février 13, 2007

2007: Comparaison Ségo-Sarko

Voici une comparaison des deux grands discours «programmatiques», celui de dimanche pour Ségolène Royal, et celui du 14 janvier pour Nicolas Sarkozy. Ce serait intéressant de comparer aussi avec François Bayrou, mais bien qu'il se soit beaucoup exprimé, je ne crois pas qu'il ait encore fait un grand discours de ce type (et il faut comparer des choses comparables...).

Voici donc sous forme de nuages, les mots caractéristiques des discours de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy (c'est-à-dire ceux qui émergent de façon statistique par rapport au discours de l'autre candidat) et leur vocabulaire commun (c'est-à-dire qui apparaît dans des proportions comparables dans les deux discours).

Je vous laisse faire l'analyse...


Vocabulaire de Ségolène Royal



Vocabulaire de Nicolas Sarkozy


Vocabulaire commun

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18 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Travail contre emploi ;
Jeune contre république ^^

Rigolo que Sarko ne parle pas de sécurité mais Ségolène oui.

13 février, 2007 11:41  
Anonymous Anonyme a écrit...

Merci, il faudrait maintenant comparer l'emploi des "Je".

13 février, 2007 11:45  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Tom> Il y a désormais des mots tabous chez Sarkozy: sécurité, immigration, délinquance, etc. Il nous dit qu'il a changé. En tous cas, il a énormément changé son discours... Cela suffira-t-il a effacer la trace rémanente et musclée (racaille, karcher, immgration choisie, etc.) de ses 5 ans au pouvoir ? Pas sûr.

Le prince ne doit pas être changeant, disait Machiavel.

13 février, 2007 11:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Sarkozy nous parle d'homme et des hommes, le mot femme est en revanche commun aux deux candidats.
Il utilise également les termes gauche et droite, ce que ne fait pas Royal.
Plus surprenant est la redondance de termes peu fréquents comme irréprochable (?) ou visage. La magie de l'ordre alphabétique nous offre ailleurs un assemblage amusant : libre morale politique

Du coté de Royal, pour une candidate de laquelle l'UMP et les média se sont acharnés à dénoncer un manque d'envergure internationale, on voit revenir chine et russie.
De manière plus attendue, les termes écoute, entends et débats sont dans la ligne que s'est fixée la candidate...

pour être complet, ce serait bien de disposer de l'équivalent pour Bayrou, Voynet, Buffet, Le Pen. Et une mise à jour de l'arbre philogénétique ?

13 février, 2007 12:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

pour bayrou, peut-être son discours de strasbourg du 12 février ?

13 février, 2007 22:11  
Blogger Jean Véronis a écrit...

J'y ai pensé, mais son discours est thématique: il est centré sur l'Europe. Le mot "europe" est d'ailleurs le mot central du nuage. Donc ce n'est pas un bon choix pour une comparaison avec des discours généraux... Mais peut-être que Bayrou va nous faire un discours programmatique complet un de ces 4 ?

13 février, 2007 22:17  
Blogger Gabrouze a écrit...

Désolé je n'ai pas pu m'empecher de montrer cette différence entre les deux candidats que la presse veut nous imposer... ceci etant dit, en faisant un post pareil, je participe à cette mascarade.
En tout cas, continuez ... ca m'inspire :o)

13 février, 2007 23:28  
Blogger Poulos a écrit...

Très intéressant (surtout la répétition de "changé" chez Sarko...), mais je ne comprends pas pourquoi le nuage de Ségo est différent de celui du billet "Ségo sur un nuage". Pourquoi par exemple le mot enfants a disparu de ce nuage ?

13 février, 2007 23:31  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Poulos> Oui, un peu plus d'explications sont nécessaires ! J'ai explosé le nuage, en quelque sorte. Le mot "enfants" est fréquent chez Ségo, mais chez Sarko aussi. Du coup, il quitte le nuage des mots spéficiques à Ségo pour passer dans le nuage des mots communs... C'est l'intérêt de cette mise en contraste.

14 février, 2007 10:45  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour à tous !

Histoire de varier les plaisirs, je me suis amusé à décortiquer l'intervention de M.-G. Buffet de lundi soir (que l'on peut revoir sur le site de TF1).
Incroyable le nombre de fois où elle utilise l'expression "Il faut.."

J'ai relevé toutes les occurrences (sauf erreur : 63, en me limitant au présent de l'indicatif)

J'ai chronométré aussi précisément que possible le temps de parole de M. Buffet : 1228 secondes.

On obtient donc un "Il faut" toutes les 19,49 secondes !!!!

Ceci nous donne un savoureux petit florilège à la Prévert dont je pourrais vous poster la liste intégrale si vous le désirez...

Au passage, je crois avoir relevé une surprenante "bourde" qui m'a laissé perplexe. Selon elle, la TVA serait l'impôt le plus injuste puisque (je cite en substance)cette taxe s'applique de la même manière sur le caddie d'une RMIste que celui de Madame Bétencourt !!!

Ingrid appréciera...

14 février, 2007 11:23  
Anonymous Anonyme a écrit...

>jullien
Je ne sais quel est l'âge de l'intervenant mais il semble ignorer deux choses :
1. La TVA sur les produits de grande consommation a été instituée par le ministre des finances Giscard il ya plus de 40 ans ; taxe sur la consommation, elle a toujours été critiquée par les représentants de gauche car cet impot indirect touche de manière égale les plus fortunés et les plus déshérités.
2. Quand on cite en France le nom de Bettencourt (et non Bétencourt) dans un débat sur les revenus, on vise Mme Liliane Bettencourt, la PREMIERE FORTUNE DE FRANCE, actionnaire majoritaire du groupe L'Oréal.
Mme M.G. Buffet citait donc à juste titre cette personne en évoquant l'injustice de la TVA sur les produits de grande consommation. Mme Ingrid Betencourt n'a rien à voir ici !

J'ajoute que je trouve horripilant de voir utilisé le mot "bourde" à tort et à travers par des ignorants ou même, dans le cas de la principale candidate à l'élection présidentielle, par des esprits misogynes et malintentionnés dont le seul souci est de disqualifier une adversaire politique afin de conserver tous les pouvoirs à son clan.

14 février, 2007 16:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Euh... Désolé mais je ne vois ce que mon âge vient faire là-dedans : mon propos n'était absolument pas de juger l'application de la TVA, comme vous semblez l'insinuer.

Pour la deuxième remarque, en revanche, je vous remercie de m'avoir éclairé : j'ai cru que Mme Buffet avait choisi un nom au hasard, comme elle aurait pu prendre "Duquesnoy" vs "Groseille", par exemple ;)
Au temps pour moi, donc.

Cela dit, si vous relisez attentivement mon message, vous remarquerez que je précisais ne pas être sûr de ce que j'avançais.

Je comptais poster un petit topo sur l'emploi des "n'est-ce pas" chez Le Pen, pour rester dans les tics de langage, mais j'avoue que votre accueil m'a un brin refroidi...

14 février, 2007 19:16  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Julien> Ne vous formalisez pas... Les commentaires par écrit paraissent parfois plus abrupts que l'intention qui les portent. C'est la même chose avec les mails. Je suis sûr que notre estimé Port-Royal a oublié un smiley qui changerait l'interprétation du commentaire du tout au tout.

Ce qui me fait faire une petite parenthèse : vous avez remarqué que personne ne se dispute ici, contrairement à beaucoup de blogs ? Et pourtant je vous donne ma parole que ne censure rien... Si je devais retenir un truc de ce blog, je crois que ce serait ça ma plus grande fierté ! Une maison cool, où on peut parler, et éventuellement s'expliquer, mais où tout le monde s'écoute. Que voulez-vous, je suis resté un vieux baba-cool, alors ça me réchauffe le coeur... (merci à tous!)

En tous cas, moi j'ai bien envie de le lire votre post sur Le Pen !!!

14 février, 2007 19:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonsoir à tous.

Merci, Jean.
Je suis convaincu, comme vous, que quelques smileys dans le message de Port-Royal auraient pu m’éviter cette désagréable sensation ;)
Je ne lui en veux nullement, d’autant moins que c’est justement le thème de la connivence (mais à l’oral, cette fois) que j’avais l’intention d’aborder en m’arrêtant un instant sur le « n’est-ce pas » lepénien.

En principe, l’usage voudrait que l’on utilise cette expression plutôt en fin de phrase, afin de s’assurer qu’une réalité évidente est bien admise par l’interlocuteur.
Autrement dit, le « n’est-ce pas » appelle l'acquiescement de l'interlocuteur à ce qui vient d'être dit ; il renforce une question pour laquelle on attend une réponse positive.

Ex : Pour aller d’Aix à Paris, il vaut mieux prendre le TVG que la voiture, n’est-ce pas ?

(Notons au passage qu’aujourd’hui, le « n’est-ce pas » jugé un brin vieillot tend à disparaître au profit d’un simple « d’accord ? ».)

Or, chez M. Le Pen, le « n’est-ce pas » semble revêtir une autre fonction (phatique ?) plus perverse dont le but serait de recueillir l’adhésion inconsciente de l’auditeur sur des thèmes qui sont loin d’être aussi évidents que l’avantage du TGV sur la voiture pour aller à Paris.

Ce tic de langage (technique fumeuse de persuasion ?) est d’ailleurs si particulier au leader nationaliste, qu’il n’a pas échappé à bon nombre d’imitateurs : en une minute de parodie, Laurent Gerra ne lui en colle pas moins de 5 !

( voir ici : http://youtube.com/watch?v=mT5753cMOc8&mode=related&search=)

Serait-ce en raison de ces imitations que M.Le Pen semble avoir « corrigé le tir » (pour rester dans les métaphores martiales dont il est également coutumier) ?

Il n’empêche que dans les réponses aux questions qui lui ont été posées dans l’émission de lundi dernier, les emplois abusifs de l’expression « n’est-ce pas » semblent beaucoup moins nombreux que par le passé.

Histoire de ne pas vous décevoir, en voici trois petites quand même, laborieusement glanées sur 38 minutes d’émission (et non pas de temps de parole car je n’ai pas eu le courage de chronométrer cette fois, ni même d’aller jusqu’au bout de l’émission) :

D’abord, pour tenter de démontrer qu’il n’est pas raciste :
« Quand je me suis présenté aux élections la première fois […] mon deuxième de liste était Noir. C’était un Martiniquais qui était Commandant de l’escadrille Normandie Yémen , n’est-ce pas ? »

Plus loin, à propos des immigrés qui sont entrés en France :
« Nous avons accepté de [les] faire entrer chez nous, chez nous qu’ils considéraient un peu comme les trésors du Golconde, n’est-ce pas, c’était le pays de Cocagne… »

Enfin, à propos des sans papier de Cachan :
« Ce que j’aurais fait lors de ce… ce « squat », n’est-ce pas, j’aurais maintenu l’ordre de la République. »

Dans chacun de ces trois exemples, le « n’est-ce pas » est typiquement lepénien : en quête d’une approbation conditionnée sur des thèmes qui, au contraire, appellent le questionnement.
N’est-ce pas ? ;)


Ps : Je vais tâcher de dégotter une vidéo de M. Douste-Blazy, et essayer de faire des stats sur « en effet » ;)))

15 février, 2007 00:47  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour
j'ai essayé de faire aussi mon petit linguiste à partir du discours de Sarko intitulé “J’ai changé”: Sarkozy l’américain est il “born again”

“J’ai changé” ca veut dire a priori, j’ai changé en mieux, donc ca veut dire que d’une certaine façon “avant”, je n’étais pas parfait, j’avais de mauvais cotés…

Si on réfléchit encore, on entend parfois dire “tu as changé” mais par contre dire on ne dit pas “j’ai changé” ce qui voudrait dire qu’on avait une essence mauvaise et qu’elle s’est améliorée

Si on pousse encore un peu plus loin la réflexion, cette idée renvoye à une tradition de pensée, celle de la rédemption, qui est dans son acceptation laique - et en simplifiant - l’idée que tout Homme peut effectuer un parcours personnel au terme duquel il va s’améliorer. Or l’idée de rédemtion est, sans doute, un des concepts clefs de la culture américaine. On pourrait développer à travers une infinité d’exemple issus de la littérature, du cinéma ou de la musique populaire américaine.

Cette idée pèse, à mi chemin entre le religieux et le laique, également sur la politique américaine, à travers le mouvement des “born again”, les “nés à nouveau”, ces américains extrèmement nombreux qui changent de vie à un certain age, retrouvent le chemin de l’Eglise et une vie “droite”. Vous n’êtes pas sans connaitre le plus célèbres des “born again”, Georges W Bush lui même. Outre-Atlantique, tout le monde connaît l’histoire du fils Bush, sauvé à 40 ans de son penchant pour la bouteille grâce à sa rencontre avec le télévangéliste Billy Graham. Au passage cela lui assure une partie de son élection à travers les plusieurs millions d’électeurs de la droite chrétienne - dont les Born Again constituent la base.
Mon raisonnement n’est pas sans faille, j’en conviens, mais il est tentant.. Au dela de sa fameuse poignée de main (empoisonnée) Sarkozy aurait il écouté la leçon des stratéges politiques américains de Georges W. Bush, dont le fameux Karl Rove, et tenterait il un numéro de changement d’image. Dans ce cas le “j’ai changé” serait la francisation du concept américain “born again”. A approfondir.
David Dornbusch
http://dd2007.parti-socialiste.fr/

15 février, 2007 11:51  
Anonymous Anonyme a écrit...

>jullien
Je vous ai bien entendu, et ne visais aucunement à vous blesser. Lire des jugements à l'emporte-pièce sur certains blogs m'a fait hausser le ton ici où les opinions s'échangent d'ordinaire sans animosité…

Je ne sais si vous trouverez beaucoup de plaisir à étudier le lexique de l'illustre Douste-Blazy, mais je pense que vous trouverez plus de matière aux discours de M. Le Pen, qui excelle effectivement à entretenir des rapports de connivence avec son interlocuteur.

Ayant suivi les discours de Mme Royal et de M. Sarkozy dimanche dernier, j'ai été frappé par le contraste entre deux verbes employés d'abondance, le "je propose" de la première s'opposant au "je crois" du second. Puis-je ajouter que l'énoncé performatif m'est apparu comme une caractéristique du discours solitaire de M. Sarkozy ? (Le linguiste Ducrot définissait ainsi l'énoncé performatif : "Je fais ce que je dis faire - par le simple fait que je dis le faire").

>David Dornbusch
"J'ai changé" : c'est en effet une bien curieuse assertion, et qui ne provoque guère de questionnements chez les commentateurs. Je serais sans doute plus sévère que vous dans l'analyse, mais le "born again" s'apparente à la réussite d'un parcours initiatique dont on peut se demander, dans le cas de M. Sarkozy, quelle pourrait avoir été l'épreuve transfiguratrice, et quel aurait pu être le guide, le maître, dans cette épreuve… Je crains qu'on ne soit renvoyé alors à une grisante vacuité…

L'"estimé Port-Royal" remercie l'estimable Jean Véronis pour son accueil amical ;)

15 février, 2007 20:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Je ne sais ou passer ceci sur ce site mais ce filn'est peut être pas le moins adequat.

Dans un article du journal Les Echos de la semaine passée,

http://blogs.lesechos.fr/article.php?id_article=945

...quelques lignes étaient consacrées aux 'Je' de cette campagne .


Lisez ces quelques lignes qui en sont la conclusion :

"...Nicolas, pendant ce temps, a continué sa route de la volonté. Au risque de frôler le dérapage. L’autre soir, tel un petit caillou imprévu sous la roue, un minuscule complément d’attribution est venu se glisser entre les mots, créant entre eux un choc malgré le poids feutré de l’image télévisuelle : 'Je veux pour vous la liberté...'
. Une contradiction dans les termes ? Une échappée de l’inconscient, toujours occupé à sa volonté de puissance, celui-là ?... En tout cas une construction linguistique tirant plus vers le totalitaire que le libertaire."

18 février, 2007 19:40  
Blogger raph a écrit...

Je m'immisce... J'ai lu, il y a plusieurs mois sur cet excellent blog, un billet qui expliquait comment utiliser ce [script | algorithme | programme] permettant de présenter les nuages de mots avec des tailles proportionnelles au nombre d'occurrences.
Malheureusement, je ne le retrouve plus. Merci !

27 février, 2007 21:52  

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