Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mercredi, avril 25, 2007

2007: La gauche dextrogyre

Je viens d'écouter la conférence de presse de François Bayrou sur Public Sénat, au cours de laquelle il vient d'annoncer la création d'un parti démocrate. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'ai l'impression que quelque chose frémit dans la politique française, quelque chose que je n'avais pas ressenti depuis 1981...

En tout cas, le personnage est au centre (si je puis dire) de toutes les œillades et de tous les appels du pied, particulièrement de la part de Ségolène Royal. Bayrou s'est amusé pendant sa conférence de presse de l'affection soudaine dont il est l'objet. Dimanche soir à 19h59, nous dit-il, il était le pestiféré «de droite», à 20h01, il était l'objet de tous les désirs. Le personnage a pas mal d'humour.

Il est vrai qu'en regardant la lucarne réductrice des télés, c'est l'impression qu'on peut avoir. Et sans doute, c'est le virage linguistique à 180° qu'ont fait les seconds couteaux du PS sur les plateaux télés dimanche soir. Mais en lisant bien les discours de Ségo, on voit qu'elle n'est peut être pas aussi gourde qu'on pense, et qu'elle prépare le terrain depuis plusieurs semaines.

Regardons ça de plus près.

Première phase. La droite c'est la droite, la gauche c'est la gauche, et l'UDF est «à droite».
Deuxième phase. Il y a droite et droite. L'une est la «droite sortante», l'autre est... on ne sait pas trop, mais c'est celle qui n'est pas au gouvernement.
  • Et comme c’est très difficile pour le candidat de la droite sortante de rendre des comptes sur ses actes, alors il préfère fuir, s’échapper, s’évaporer du gouvernement, tout en gardant tous les avantages de l’appareil de l'État. (Discours à Rennes, 20/02/07)
  • Et le bilan du candidat sortant de la droite sortante, il est là (Discours à Mont-de-Marsan, 01/03/07)
Troisième phase. L'UDF, ce n'est pas la droite :
  • D’un côté, on l’a vu, il y a le candidat de la droite, qui donc s’inscrit dans la continuité de ce qui s’est fait. Il y a le candidat de l’UDF ; pour lui, c’est assez simple ... (Discours à Marseille, 23/03/07)
Si, vous avez bien lu. Il y a le candidat de la droite, et puis celui de l'UDF... Concluez-en ce que vous voulez !

Pouquoi un tel changement de sémantique précisement vers le 20 février ? Il suffit pour le comprendre de regarder les sondages. La figure ci-dessous montre la totalité des sondages pour Royal et Bayrou superposés, grâce aux données compilées par Philippe Gambette (je vous recommande vivement la lecture de son billet). Une semaine après le 11 février (ligne pointillée), il est clair que l'«appel d'air» après son discours de Villepinte n'a pas eu lieu. IPSOS (symbole × cerclé) donne un score plus bas que jamais...


Sondages de premier tour (tous instituts)


Le scénario est très simple. A l'automne, Royal est portée par l'opinion, elle n'a pas besoin des voix centristes. Arrive janvier et le «trou d'air», le début de la dégringolade : elle peut encore avoir un espoir. Elle dit qu'elle «écoute» ; elle parle à Villepinte (11 février). Las, rien n'y fait : la chute continue. Je pense qu'elle a pris conscience à ce moment-là que son seul scénario gagnant serait celui de Mitterrand 1988. Il est vrai que celui-ci était allé plus loin, en promettant dès la campagne un «gouvernement d'ouverture» (que Rocard a mis en place de 1988 à 1991 avec des ministres issus du centre et de la droite : Jean-Pierre Soisson, Jean-Marie Rausch, Michel Durafour, Jacques Pelletier, Lionel Stoléru, Hélène Dorlhac, Bruno Durieux, Oliver Stirn, et j'en oublie peut-être). Mais Mitterrand était Mitterrand. Il tenait le PS et avait derrière lui un bagage de personnage historique et d'homme d'Etat. Royal n'a pas pu aller aussi loin, mais a atténué ses propos sur Bayrou, se ménageant son virage futur, et laissant les seconds couteaux du PS (et Marie-George) l'éreinter.

Rien de nouveau sous le soleil : je vois réapparaître depuis deux jours cette même expression, «gouvernement d'ouverture», comme un clin d'oeil à l'histoire.

Et si vous voulez mon avis sur le fond, Ségo sait maintenant très bien qu'elle a perdu, sauf miracle, et ce qu'elle vise ce n'est pas réellement le ralliement d'un François Bayrou acheté par la promesse d'un improbable gouvernement d'ouverture avec des ministres UDF. Elle sait plutôt qu'elle est cramée à jamais au sein du PS, où les éléphants ne lui pardonneront ni les humiliations qu'ils ont subies, ni la défaite, et qu'elle n'a d'autre issue politique que de devenir une des figures clés du futur grand parti démocrate qui englobera une bonne partie des ruines du PS. Vous allez voir qu'elle va devenir très gentille avec Bayrou.

Je peux me tromper, mais on regarde la suite du film et on en reparle.

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38 Commentaires:

Blogger Unknown a écrit...

La conclusion est assez osée je trouve, mais j'aime bien.
Ce serait quand même paradoxal que Ségo se fasse éjecter du PS par la droite, pendant que DSK reprendrait le même PS par la droite aussi... (sauf si Fabius gagne le combat des éléphants, mais dans ce cas tout se simplifie)

25 avril, 2007 19:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

Autre hypothèse: Ségolène Royal envisage une défaite honorable qui lui permettrait de prendre la tête du PS et se poser en chef de l'opposition.
Elle tente alors de vérouiller le PS pour éviter de se faire déborder sur sa droite dans le parti et diminue autant que possible l'espace politique disponible pour le nouveau parti démocrate.

Dernière hypothèse enfin: elle fait ce qu'il faut pour vraiment gagner ;-)))

Noter que toutes ces stratégies sont compatibles simultanément, ce qui témoigne plutôt d'un positionnement bien pensé.

25 avril, 2007 19:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

Passionnant article, comme toujours.

Je n'en partage pas la conclusion : si les éléphants ne vont pas tarder à se lâcher (comme les archéos du FN contre Marine Le Pen...), Ségolène Royal a encore un avantage. Son (ex/futur/actuel) compagnon, premier secrétaire, et BEAUCOUP plus subtil dans le marigot des courants qu'on ne veut bien le dire. Cf. congrès du Mans.

Fabius est déjà revenu à une ligne "centristo-compatible" : même s'il n'hésite jamais à retourner sa veste, le faible score du PC et de l'extrême-gauche ne rend plus marketable son positionnement alter-liberal.
Strauss-Kahn est encore dangereux, certes. Il a un coup à jouer pour éliminer durablement les fabiusiens.
Montebourg sera une fois de plus, et comme toujours, le dindon de la farce (ce qu'il mérite, à mon opinion).

A noter : Mélenchon a tenté de nous faire le coup du "jamais avec les centristes" et s'est attiré une remarque cinglante de DSK. "J'en connais qui tiennent ce langage et qui ont été dans le gouvernement d'ouverture de Mitterrand. A l'époque, ça ne les gênait pas."

Ca présage un congrès saignant...

Un axe DSK-Royale-Hollande en vue , avec Chevènement en voiture-balai ?

25 avril, 2007 19:29  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Jean-Sébastien> La conclusion est assez osée -- Oui, je trouve aussi ;-) Mais le but, comme souvent ici, est une sorte de remue-méninge !

25 avril, 2007 19:34  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Tardif> Autre hypothèse: Ségolène Royal envisage une défaite honorable qui lui permettrait de prendre la tête du PS et se poser en chef de l'opposition. -- Hypothèse pas mutuellement exclusive avec la mienne : elle est certainement assez maline pour savoir qu'il y a plusieurs scénarios. Mais j'ai du mal à voir la pérennité du PS. A mon avis, à l'instant de la victoire de Sarko, l explose. Il y a plus de différence entre les deux bords du PS qu'entre son bord droit et le parti de centre gauche de Bayrou.

Car ce sera un parti de centre-gauche. L'UDF est en train de se sciender en 2. Regardez ce que Bayrou a déjà fait avec Prodi et Rutelli avec le Parti démocrate européen. Je vois mal la coexistence d'un PD (hum...) en plein essor et d'un PS moribond et balkanisé.

25 avril, 2007 19:43  
Anonymous Anonyme a écrit...

et les bords centristes de l'ump sont si près de ceux de droite? on a déjà oublié qu'un député UMP du sud avait rejoint De Villiers, lassé par les accents gauchistes de Sarko?

et les députés UMP qui avaient déposé un amendement pour empecher l'interdiction totale de la peine de mort? ils sont compatibles avec Borloo et autres Madelin?


bref, si, certes le nouveau parti de Bayrou peut prendre de l'importance, à mon avis, vous allez beaucoup trop loin, au PS les gens proches de Bayrou ( Delors, Kouchner, Rocard ) n'ont que peu d'impact politique, et quand je vois le sondage TNS-Sofres ( dont le dernier sondage était le plus proche des résultats, à disons 1% près ) qui voit aujourd'hui un score de 51/49, je ne vois pas en quoi la campagne est déjà jouée !

sur quoi vous basez vous dire que cette campagne est terminée?

25 avril, 2007 20:07  
Blogger Jean Véronis a écrit...

L'ai-je dit, cher Phix ?

25 avril, 2007 20:11  
Anonymous Anonyme a écrit...

Le choix qui se pose à Bayrou est à mon avis un peu plus compliqué que ça : Victoire de Sarko, hypothétique éclatement du PS, seule chance pour les législatives : Sarkozy, comme l'a laissé entendre Fillon, va faire payer les centristes qui ne l'aurons pas soutenu. Seule le ralliement de la "droite" du PS au parti démocrate peu lui permettre d'obtenir un groupe.
Problème : le PS ne mourra pas comme ça. le PS c'est aussi des milliers d'élus et un trésor de guerre (l'argent public donnés en fonctions des résultats électoraux, les fichiers, les réseaux...). Le PC a tenu 10 ans avec 10 fois moins ! Cet argent, juridiquement, ne peux pas quitter le PS. Bref, l'éclatement du PS est le scénario idéal, mais bien hypothétique. Et si le PS n'éclate pas... aie...

Autre scénario : Victoire de Ségo, plus par rejet de sarko que par adhésion. dans la foulée, le PS n'a pas de majorité absolue et ségolène est obligée de composer. Bayrou peu négocier des places aux gouvernement, des alliances pour les échéances futures comme les municipales. Son parti est sauvé. Il ne sera peut-être pas le grand parti démocrate dont il rêve, mais un parti pivot, comme le sont ses équivalents européens.

Dernière hypothèse : ségo gagne et a une majorité. L'UD... heu pardon le parti démocrate est dans l'opposition. Il se retrouve dans la posture habituelle de l'UDF. Le mieux alors, est de préparer 2012 !

Bref, bien malin qui fait des pronostics !

25 avril, 2007 20:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je vais y aller également de mon commentaire peu autorisé

- aujourd'hui, je pense que Bayrou va tenter une OPA (hostile ?) sur une partie du PS. Tout l'art étant pour lui de récupérer les courant sans les leaders de ces courants (DSK principalement)
- Je pense également que c'est la fin du mitterandisme. Le PS va exploser et va marquer la fin de la stratégie du congrès d'Epinay (réunification de tous les courants compatible avec lui) et stratégie d'endiguement (cf. la stratégie américaine des années de guerre froide) du PC. Le mitterandisme a réussi, le PC n'existe plus (bon y'a eu aussi le mur de berlin)

- A côté du parti de centre droit/gauche, va se créer un parti de gauche (emanuelli - mélenchon) et à Fabius, les restes du PS. A l'extrême gauche, l'extrême gauche. Les verts ???...

- Et la je trouve qu'il y a un tournant eceptionnel qui s'opère dans la vie politique française et qui est de l'ordre du long terme :

Depuis la dernière guerre mondiale, la société, et les partis politiques français glissent de la gauche vers la droite. en 1946 le MRP, ancêtre de l'UDF est classé à gauche puis rejoint le premier gouvernement de droite en 1951 (et c'est une révolution à l'époque).

Le mitterandisme procède de cette logique, arrivé très à gauche, il n'a aucun mal à avoir des UDF dans son gouvernement en 1988 jusqu'à être aujourd'hui, bayroucompatible et non l'inverse à mon avis.

Pour finir, il me semble que la légitimation de LePen pendant cette élection, en même temps que sa défaite, qui tient surtout dans le fait que ses thèses sont désormais accepté par la société de manière normale font que la société a atteint son point de basculement leplus à droite, entamé au sortir de la seconde guerre mondiale et que le mouvement va s'inverser.

Bon ce que j'écris, c'est du Tolstoï moins le talent, pas mal de prospective bidon, et une interprêtation de l'histoire un poil arrangée mais je crois sérieusement que l'on est à la croisée des chemins même si mes explications peuvent paraître tarabiscotées

25 avril, 2007 21:16  
Blogger Benoît a écrit...

Pour dévier un tant soit peu du sujet - quoi que très peu finalement -, je voulais juste parler des ~13% de personnes qui n'ont pas voté au premier tour et qui sont susceptibles de se manifester, pour une partie d'entre eux. Sont-ils inscrits sur les listes électorales ? C'est la grande question...

Concernant François Bayrou, je discerne tout de même dans son dernier discours un rapprochement plus fort avec Ségolène Royal qu'avec Nicolas Sarkozy, non pas dans leurs défauts qu'il énonce au début, mais plutôt dans la suite des choses, notamment lorsqu'il parle d'un débat public. Sur ce point je vous rejoint donc, Jean : la possibilité d'un rapprochement entre centre et gauche, mais attention, pas un ralliement.

25 avril, 2007 21:50  
Blogger caroline Diaz a écrit...

Bernard Stiegler, invité dernièrement dans une émission de France Inter, décrivait la participation massive au 1er tour de la Présidentielle, comme le symptôme d'une panique. "Le signe avant coureur d'un phénomène de décrochage. Décrochage politique d'abord."
Le vote de dimanche a d'abord été "un mécanisme pulsionnel". "Ce n'est plus un public c'est une audience".
C'est tout à fait cela, c'est un film qu'on suit à la télé.
"Je peux me tromper, mais on regarde la suite du film et on en reparle."
Je vous laisse le mot de la fin : "Il est vrai qu'en regardant la lucarne réductrice des télés, c'est l'impression qu'on peut avoir."

25 avril, 2007 22:03  
Blogger Loran a écrit...

Bonjour,
votre article est bon, mais je crois que vous vous trompez.

Elle est bien trop pugnace pour s'imaginer en perdante.

Confidence pour confidence, je crois (espère?) meme qu'elle va renverser la vapeur.

25 avril, 2007 23:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ce soir, chez Chabot, ce n'est pas quelqu'un qui "sait très bien qu'elle a perdu" que j'ai observé et entendu. Au contraire!
Daniel

25 avril, 2007 23:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'aime beaucoup l'avant-dernière phrase : "Vous allez voir qu'elle va devenir très gentille avec Bayrou". Bayrou est un homme instruit - il a entendu parler du chant des sirènes. Il ne sera donc pas nécessaire de l'attacher au mât - comme on dit dans la marine, il gardera le cap ...

26 avril, 2007 00:03  
Anonymous Anonyme a écrit...

Non seulement, elle navigue avec tant de vista depuis lundi (et c'est un chevènementiste qui n'a quitté à son profit, que dans l'isoloir, le choix du vote blanc qu'il s'était promis qui vous dit ça) qu'il est possible qu'elle gagne. Surtout en comparaison des erreurs stratégiques et bévues sarkozystes ces derniers jours sont les pressions, et autres débauchages condamnés par Bayrou et par bien des électeurs, ou le refus du dialogue..

Mais en plus même si elle perdait lourdement, vous oubliez Jean que les militants qui l'ont désignée si largement seront je crois encore là pour la soutenir si les divers courants PS se retournent contre elle, le lien singulier entre eux et elles étant loin de s'être affaibli.

26 avril, 2007 04:48  
Blogger all a écrit...

Bonjour, impressions en vrac en attendant le deuxième tour :
*la fin des extrêmes
*Bayrou occupera le créneau social-démocrate délaissé par un PS qui n'a pas su évoluer comme ailleurs en Europe
*l'OPA de Bayrou sur le PS (@ Richard) sera visible aux législatives, il n'est pas dit qu'elle réussise car son nouveau parti ne naitra pas des décombres d'un UDF qui jusqu'à ce jour est allié à l'UMP. Les députés UDF ne vont pas lâcher facilement leurs mandats pour partir vers l'aventure.
*Quand Royal avait peur de ne pas arriver au deuxième tour, elle tirait sur l'UDF et flattait l'extrême gauche ; or maintenant elle vire du rouge au rose clair. La ficelle est grosse, mais ça peut marcher.
*nous vivons ce que les autres pays ont connu depuis les années 80, du moins ceux qui ont su faire des réformes.
*Nous allons vers un bipartisme conforté, un parti républicain de droite et un parti démocrate de gauche.
*Sarko dispose d'un réservoir de voix important à droite

26 avril, 2007 08:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

La fin des extrêmes, la fusion des partis du centre….
En quatre jours n’est on pas passé de "la victoire de démocratie" (83,78% de votants) à la "mort de la démocratie" (Nous allons vers un bipartisme conforté)

26 avril, 2007 09:48  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Jérôme> Fabius est déjà revenu à une ligne "centristo-compatible" -- Oui. C'est marrant, ces changements de discours, n'et-ce pas ? Il voit bien que les dernières poussières du mur de Berlin sont en train de retomber, que le PC est moribond et l'extrême-gauche laminée. Donc la compétition maintenant est pour la conquête du grand parti social-démocrate qui va finir par émerger de tout ça. Bayrou a une longue d'avance, et comme vous dites ça va être saignant au sein du PS !

26 avril, 2007 10:02  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Titou> Oui, il y a de multiples scénarios possibles. C'est passionnant, non? Bel exemple pour la théorie des jeux et la prise de décision dans un contexte d'information incomplète...

Je suis d'accord avec vous que le PS ne mourra pas comme ça. Les péripéties dans les mois qui viennent peuvent être variées (en fonction de l'arithmétique des alliances dans les circonscriptions par exemple), mais la perspective à long terme me paraît inéluctable. Depuis la chute du Mur de Berlin et le déclin du PC, la frontière gauche-droite n'est plus au bon endroit. Une UDF alliée à la droite n'avait de sens que dans ce contexte, comme contrepoids au communisme.

La frontière est désormais d'une part à l'intérieur du PS (on l'a vu avec le NON au TCE) et au milieu de l'UDF. Cette moitié de PS et d'UDF formeront un jour ou l'autre un grand parti social-démocrate comme ailleurs en Europe. Ca prendra le temps et les larmes qu'il faudra, mais je crois que c'est le sens obligatoire de l'histoire...

26 avril, 2007 10:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

Encore une fois (:p) pas d'accord avec cette conclusion très orientée.
Le PS est donné en "explosion" permanente depuis au moins le congrès de Rennes qui commence à dater (17 ans) et qui avait coupé le PS en 3,5 (Rocard/Fabius/Jospin/Chevènement)
Ségolène Royal a réussi à mater Chevènement, réunir Fabius et Jospin..c'est déjà pas mal
Il a traversé le trou noir 1993-1997 , et s'est relevé du 21 avril.
Le nombre d'adhérent à explosé.
Ce que je crois c'est que le PS va changer, qu'il va s'assumer "de gauche" et non pas "du centre", car il y a maintenant un parti "du centre".
Il y a beaucoup de gens "de gauche", suffisament pour faire un parti.
Fabius est un courant minoritaire, il est en quelque sorte une caution pour faire barrage à l'extreme gauche ( et je le sais, pour avoir fait parti de la section de Rouen du PS !).Ségolène Royal a eu au moins le mérite de rassembler les militants derrière elle.
Parce que bon, pour quelqu'un de nulle, et tout ça, elle m'a étonné en bien la Royal. Elle a tenu le coup, elle a jamais baissé la tête, et elle est remonté dans les moments les plus critiques.
Et quant àtes prédictions ça me rappelle ta prévision que bayrou serait président :)

26 avril, 2007 10:14  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Richard> Je suis d'accord avec vous sur beaucoup de choses :

Je pense que Bayrou va tenter une OPA (hostile ?) sur une partie du PS. -- Oui. Pas forcément hostile. Ecoutez bien les discours de certains ténors du PS... Mais bien sûr ça va dépendre de la cuisine arithmétique des circonscription aux législatives.

Tout l'art étant pour lui de récupérer les courant sans les leaders de ces courants (DSK principalement) -- Pourquoi sans ses leaders ?

Je pense également que c'est la fin du mitterandisme.... -- Oui. Voir mon commentaire précédent sur le déplacement des frontières après l'effondrement du communisme.

A côté du parti de centre droit/gauche... -- Je ne crois pas à la configuration de Bayrou, tripartite avec un centre qui sert de pivot. Ce n'est pas dans la culture française, et on voit déjà que le centre droit se détache. Je suis convaincu qu'il le sait, et que c'est une posture. Je vois plutôt un déplacement des frontières. Une gauche radicale, un parti de centre-gauche (le PD par exemple), un parti de centre droit, et une droite libérale. Car il faut voir que le passage des centristes droitiers à l'UMP (qui finiront par voir l'intérêt de s'associer aux chiraquiens/villepinistes) est un véritable cheval de Troie pour l'UMP, de nature à la dynamiter de l'intérieur. On n'a pas encore dit que même élu, Sarko serait extrêmement fragile, avec la mêche de ce bâton de dynamite prête à s'allumer à tout moment. La question c'est qui tiendra l'allumette: Borloo ou Villepin ? Avec 2012 en vue bien sûr.

Et la je trouve qu'il y a un tournant eceptionnel qui s'opère dans la vie politique française -- Oui. Passionnant. Je n'ai pas vécu ça depuis de nombreuses années (depuis 1981 en fait).

26 avril, 2007 10:28  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Benoît> je voulais juste parler des ~13% de personnes qui n'ont pas voté au premier tour et qui sont susceptibles de se manifester, pour une partie d'entre eux. Sont-ils inscrits sur les listes électorales ? C'est la grande question... -- Forcément, me semble-t-il. Les pourcentages de participation sont donné par rapport au total des inscrits, pas par rapport au total des citoyens en âge de voter.

Concernant François Bayrou, je discerne tout de même dans son dernier discours un rapprochement plus fort avec Ségolène Royal qu'avec Nicolas Sarkozy -- Pas seulement dans son dernier discours. C'est une constante de toute sa campagne. Il a attaqué Sarkozy très fort tout le long, et jamais Royal. Quant il voulait faire une critique à gauche, il attaquait Jospin.

26 avril, 2007 10:35  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Adresse> le symptôme d'une panique, signe avant coureur d'un phénomène de décrochage -- Assez d'accord. Avec en plus un besoin de se purifier du péché de 2002. Maintenant que c'est fait, on peut passer à autre chose...

26 avril, 2007 10:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Loran> Elle est bien trop pugnace pour s'imaginer en perdante. -- Sans doute. Elle est très battante. Mais je la crois aussi assez intelligente, et elle sait bien qu'il faudra un miracle, et qu'il vaut mieux que ses choix actuels laissent des portes ouvertes.

je crois (espère?) meme qu'elle va renverser la vapeur -- ce n'est pas impossible. J'ai parlé de miracle. Il faudra quelque chose d'énorme. Qu'une dynamique très forte s'enclenche avec les électeurs de gauche de Bayrou (on va voir ce qui se passe dans les prochains jours, mais si vous voulez mon impression l'intérêt de Bayrou est d'avoir Sarko président et de se positionner en leader de la nouvelle opposition). Ou alors que Sarko pête un plomb en plein débat télévisé...

26 avril, 2007 10:43  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Daniel> Oui, elle est très battante, mais elle sait copter sur ses doigts. Souvenez-vous de Bayrou et de la certitude, de la détermination qu'il afficahit. Il savait bien en même temps que sauf miracle, il avait de bonnes chances de ne pas être au deuxième tour...

26 avril, 2007 10:44  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Inarius> conclusion très orientée. -- volontairement provocante, on va dire. C'est un peu une "expérience de pensée" : et si...


Le PS... Le nombre d'adhérent à explosé. -- Raison de plus. Je doute que tous ces nouveaux adéhrents soient des mitterrandistes...

Ce que je crois c'est que le PS va changer, qu'il va s'assumer "de gauche" et non pas "du centre", car il y a maintenant un parti "du centre". Il y a beaucoup de gens "de gauche", suffisament pour faire un parti. -- Nous sommes sans doute preque d'accord. Dans un commentaire assez long plus haut, je disais que je vois une reconfiguration en 4 formations (à plus ou moins long terme, pas en juin !). Je ne crois pas à un parti "du centre". Il y aura un parti de centre-gauche et une gauche radicale (organisée ou pas, là est la question...).

Fabius est un courant minoritaire -- Entièrement d'accord. Mais son gauchisme n'est qu'une posture. Regardez la façon dont il se "recentre" ces derniers jours ! Il est le prototype de la gauche "dextrogyre", à mon avis.


Parce que bon, pour quelqu'un de nulle, et tout ça, elle m'a étonné en bien la Royal. -- Je ne l'ai jamais traitée de nulle, en ce qui me concerne, et je l'ai même défendue au moment des attaques machistes.


Et quant àtes prédictions -- Il ne faut pas prendre ça comme des prédictions, mais plus, comme je l'ai dit, comme "expériences de pensée". Tout est possible (et heureusement !)

ça me rappelle ta prévision que bayrou serait président :) -- Euh... Je n'ai pas l'impression d'avoir dit ça. Je savais que ce serait très difficile pour lui au premier tour. Mais je disais effectivement que s'il était au second, il gagnait largement, que ce soit contre Royal ou contre Sarko.

26 avril, 2007 10:55  
Anonymous Anonyme a écrit...

Veronis

Effectivement j'ai été un peu dur

Je ne crois pas à la résurgence d'un radical socialisme à la IIIème république.

Le PS à la mitterandienne, comme tu l'as dis a disparu. Est ce que ça signifie la fin d'un PS qui porte en lui 2 voire 3 courants ? Je ne pense pas..tous les grands partis ont des courants, même le FN.
Je ne crois pas au parti de centre gauche parce qu'il serait trop proche du parti de centre droit.
Je crois davantage à un parti du centre, façon IVème république, un MRP qui pourra gouverner avec la droite ou avec la gauche selon son interêt.
Pour ce que tu as dis de ségolène royal je suis entièrement d'accord avec toi, moi même j'avais des (très) gros doutes à son sujet et elle m'a étonné ...plutot en bien.
quand tu la donnes perdante, c'est malheureusement surement vrai. Mais elle aura sauvé le PS, ce qui est déjà pas mal, Pareil pour sarko qui aura vraiment sauvé l'UMP.
Finalement cette élection 2007 est bonne pour tout le monde, sauf les extremes !

26 avril, 2007 11:45  
Blogger Sophia a écrit...

''Ce serait quand même paradoxal que Ségo se fasse éjecter du PS par la droite, pendant que DSK reprendrait le même PS par la droite aussi...''
Aujourd'hui tout indique que les jospinistes, Fabiusiens, et autres PS ne laisseront pas faire Ségolène dans son rapprochement avec Bayrou. Pourquoi ils laisseront faire DSK si Royal est déchue ? Et bien tout simplement par fatigue mais aussi parce qu'ils ne pourront pas vivre longtemps défaite sur défaite. Comme un homme qui quitte sa femme pour certians défauts mais qui se remarie avec une autre pour les mêmes défauts et là ça ne lui fait rien, il ne les voit plus. Ségolène a montré une certaine difficulté à s'imposer à l'intérieur de son parti, ce qui n'arrange pas les choses.
En plus aujourd'hui il y a les copains de Sarko de la presse régionale qui s'en mêlent pour refuser d'accueillir le débat Ségo-Bayrou.

Il faudra à Ségolène beaucoup de vo,onté, de détermination et de pouvoir de persuasion pour franchir ce pas vers une alliance avec Bayrou et ce n'est pas sûr qu'elles les aura. Je ne sais pas si elle sait que sa survie politique dépend de cela, pas celle de Bayrou à mon avis car lui il est le patron chez lui...

26 avril, 2007 13:18  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Sophia> Il faudra à Ségolène beaucoup de volonté, de détermination -- Ca, ce sont peut-être justement ses qualités ! Le pouvoir de persuation peut-être moins... Effectivement, la survie politique de Bayrou ne dépend pas de cela, et je crois qu'il a, lui, intérêt à ce que Sarko passe, pour se poser en leader de l'opposition, les ténors du PS étant quand même assez affaiblis, c'est le moins qu'on puise dire. Réécoutez ses discours de campagne : c'était, paradoxalement, des discours de chef de l'opposition, rôle que ne tenaient guère les éléphants du PS, ni même Royal (un peu Hollande, il est vrai, dans le peu d'espace qu'il avait).

26 avril, 2007 13:36  
Blogger fab a écrit...

Felicitaion pour ce billet très intéressant. Mais je vois très mal Ségo ce rallier à François Bayrou : tout d'abord il y a le problème Hollande qui ne l'accepterait probablement pas. De plus il ne faut pas surestimer le PD qui reuni 18% des élécteur mais sur une camapgne anti-système (donc plus un vote de contestation qu'un vote d'adhesion)... Enfin n'oublions pas que le programme de Bayrou est clairement d'inspiration liberal (politique de l'offre) alors que les PS est neo-keynesien (soutenir la demande par le pouvoir d'achat). Donc je ne crois pas que le PD puisse etre un grand parti social-democrate. Enfin n'oublions pas qu'au parlement européen l'UDF siege avec Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe et pas avec le parti socialiste européen qui regroupe tous les sociaux-democrates...

26 avril, 2007 14:16  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Fabrice> Pour clarifier : je n'ai pas dit qu'elle allait se rallier, comme ça dans la minute, et surtout pas toute seule. Mais l'une des hypothèses, me semble-t-il, est la reconfiguration d'une partie du PS avec le PD, et des gens comme Rocard, Kouchner, DSK et d'autres, et il me semble qu'elle peut en être, à condition de donner les bons signaux (et même, semble-t-il en ce moment d'apparaître comme celle par qui l'ouverture a été possible)...

26 avril, 2007 14:25  
Blogger fab a écrit...

OK je vois. C'est une hypothèse plutot sympa mais ça me parait difficile à faire dans la pratique. Ca implique une scission au PS que personne ne souhaite. Sur quel axe economique liberal ou keynesien? Et qui sera à la tête de ce mouvement? Je pense plutot que le PS ferait son Bad Godesberg et renoncera une fois pour toute au communisme revolutionaire d'insipartion marxiste pour devenir comme tous les socialistes européens un parti social-democrate. L'augmentation du vote centriste et la chutte de l'extreme gauche les y oblige. Le nouveau PS et le PD pourront alors crée un alliance durable pour faire d'importante réformes dont la france à besoin : réforme de l'état, relance de l'europe, éductation, ecologie...
Mais ce n'est que pur spéculation, une chose est sur c'est que ça bouge au centre-gauche et c'est tant mieux...

26 avril, 2007 16:21  
Blogger Pulsor a écrit...

Serait-il possible de mesurer, en effectuant des statistiques sur les expressions employées par royal et Sarkozy, de mesurer le degré de relativisme de chacun ?
C'est à dire leur habitude de tenir compte de ce qu'ils pensent plutôt que de la réalité. Peut être en comptant les "je pense que", les "mon idée", les "je" tout simplement, ou tout locution révélatrice.

26 avril, 2007 18:27  
Blogger Benoît a écrit...

Jean Véronis > Oui effectivement, pour l'histoire des listes électorales, j'y avais justement repensé dans l'après-midi, et je me suis tout de suite senti bien bête...

Bref, j'aurais au moins appris une chose dans la journée ! :)

26 avril, 2007 22:24  
Anonymous Anonyme a écrit...

A propos de débat (ou du non débat) Royal/Bayrou et des pressions, censures etc :
Et si Ségolène Royal, le 2 Mai, s'inspirait de l'attitude de Maucice Clavel le 20 décembre 1971 : dénoncer les pressions et censures et quitter le plateau en ayant une formule qui pourrait devenir aussi célèbre - et efficace - que le "Messieurs les censeurs, bonsoir !" .
Le débat se trouverait peut-être déplacer sur un autre terrain...
Mais je rêve...
Urszula

27 avril, 2007 11:16  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour
vraiment pas d'accord sur la conclusion, ni même sur l'analyse...
- l'extrême gauche n'a pas disparu, elle a voté utile (le 21 Avril, ça parle??)... Si Sarko est élu, ou si Ségo se plante, on reverra revenir l'extrême gauche...
- arrêtons de croire que le centre, avec son manque absolu de conviction, fait 18%... au moins 10% viennent de gens de gauche, qui ont cru que Bayrou serait mieux placé au 2nd tour...
- Je suis en train d'écouter le débat SR-FB, et elle ne lui lâche rien, et elle n'est pas vraiment gentille... Ce qu je crois, que que l'aile droite du PS est en train d'essayer de faire exploser le parti, pour enfin pouvoir créer leur grand parti social-démocrate qu'il n'ont jamais réussi a obtenir des congrès du PS...
Enfin comme l'a dit qqun, je ne suis pas en train d'entendre SR parler comme qqun qui va perdre...
cordialement
Vincent

28 avril, 2007 12:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ai mis par erreur mes commentaires précédents dans le mauvais billet.. Je reposte ici

Je viens de voir le débat Bayrou/Royal, et je reviens sur mon analyse "messianique" de la posture Royal . Analyse sans doute trop tranchée (même si je continue à penser qu'il ne faut pas sous-estimer la manière dont les candidats se "shootent" spirituellement pour survivre à la campagne). Elle a réussi un "coup" superbe de machiavélisme (au sens neutre du terme) qui dénote une politicienne avisée - et redoutable.
Royal vient de s'assurer la tête du Parti socialiste (ou ce qu'il en restera) quoi qu'il arrive. Rendez-vous est pris pour les législatives.

28 avril, 2007 15:14  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour, je voulais réagir sur la dernière décision de Mme Royal qui est de s'allier avec l'extrême-gauche la plus archaïque et radicale en la personne de José Bové.
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30692728@7-37,0.html

Comment peut-on se prétendre responsable, modéré et moderne quand on prend comme conseiller un individu qui prone ouvertement le non respect des lois votées par les élus du peuple, qui a commis de nombreux actes de délinquance et revendique sa filiation anarchiste !
Comment des centristes pourraient-ils voter pour une telle candidate ?

http://esperance2007.over-blog.com/

30 avril, 2007 18:33  

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