Web: La BNF va numériser Google
Le président de la Bibliothèque nationale de France (BNF), Jean-Noël Jeanneney, avait appelé fin janvier dans le journal Le Monde à une riposte européenne massive au projet Google Print, ce projet pharaonique qui vise à numériser le contenu de grandes bibliothèques américaines (Stanford, Michigan, Harvard, New York) et anglaises (Oxford), et à rendre accessibles 15 millions d'ouvrages à travers le moteur de recherche (voir exemple ici).
Il y a quelques jours, le Président Jacques Chirac a reçu le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, et Jean-Noël Jeanneney, et leur a demandé "d'analyser les conditions dans lesquelles les fonds des grandes bibliothèques en France et en Europe pourraient être rendus plus largement et plus rapidement accessibles sur internet" (voir communiqué de l'Elysée).
La réponse ne pouvait qu'être européenne, étant donnée l'importance financière de l'opération. L'Europe ne peut développer avant le 7è PCRD un équivalent crédible à la technologie ultra-secrète de numérisation développée par Google, et les responsables des grandes bibliothèques nationales ont été consultés dans l'urgence par Viviane Reding, Commissaire Européenne de la Société de l'Information et des Médias. En ces temps de doutes sur l'avenir de l'Europe (que révèle la montée progressive du "non" à la Constitution), une polémique intra-européenne était quasiment impossible. C'est pourquoi la proposition de Lord Eatwell, président de la British Library a finalement été accepté après d'âpres discussions (et semble-t-il l'intervention personnelle de José Manuel Barroso) : l'Europe va établir un partenariat avec la firme Google, malgré l'opposition des français qui préféraient un accord avec la firme Microsoft.
Un consortium va être créé, qui regroupera d'une part Google, et d'autre part des entreprises de pointe européennes pour la mise en place d'un programme Google Print Europe, dont le siège sera sans doute à Strasbourg (il semblerait que cette concession ait été obtenue par les Français en échange de leur accord, bien que les Britanniques aient préféré Bruxelles pour des raisons d'accessibilité). Des indiscrétions laissent penser que M. Jean-Noël Jeanneney en serait nommé directeur technique (une autre concession obtenue dans la négiociation). La Commission Européenne serait prête à débloquer 30 millions d'euros pour les études préliminaires, et un addendum va être publié au 6ème PCRD, contenant un appel à propositions pour la construction d'un démonstrateur. Un guide du proposant de 498 pages va bientôt être publié au format pdf sur le site de la Commission Européenne.
En attendant, afin de montrer l'esprit de partenariat qui règne désormais entre l'Europe et le géant américain, et peut-être pour faire oublier les polémiques récentes, la BNF a offert à Google de l'aider sur une technologie que cette firme maîtrise mal, la numérisation de documents historiques en mode fac-similé, dont Gallica s'est fait une spécialité. M. Jeanneney souligne le caractère éphémère du Web, et souhaite que l'on puisse garder une mémoire de documents électroniques qui seraient autrement perdus (d'où son grand projet d'archivage du Web francophone; voir article de Libération). Reconnaissant finalement Google comme partie de l'héritage culturel de l'humanité, la BNF va donc numériser des copies d'écran historiques de Google, qui ont parfois été sauvées par des internautes curieux ou chanceux, et qui sont menacées de disparition.
J'avais moi-même signalé sur ce blog une copie d'écran remarquable de Google News signalant l'arrestation de George W. Bush à Ottawa pour crimes de guerre. Heureusement que zone-h était là.
Une autre image qui mérite d'être archivée est celle de la requête "the" qui a retourné pendant un court instant plus de 10 milliards de résultats en novembre 2004. Mais Nathan Weiberg veillait !
Seront également archivés les logos "festifs" dont Google orne de temps à autre sa page d'accueil. J'avais mentionné celui de la Journée de la Femme, mais je pense que le favori de M. Jeanneney sera celui-ci (20 mars 2005, Journée de la Francophonie), qui montre que Google n'est pas rancunier (mais les discussions étaient sans doute déjà entamées -- ceci expliquerait cela) :
Ah oui, j'oubliais, le nom de code de ce projet ambitieux de numérisation de copies d'écran est Piscica.
Il y a quelques jours, le Président Jacques Chirac a reçu le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, et Jean-Noël Jeanneney, et leur a demandé "d'analyser les conditions dans lesquelles les fonds des grandes bibliothèques en France et en Europe pourraient être rendus plus largement et plus rapidement accessibles sur internet" (voir communiqué de l'Elysée).
La réponse ne pouvait qu'être européenne, étant donnée l'importance financière de l'opération. L'Europe ne peut développer avant le 7è PCRD un équivalent crédible à la technologie ultra-secrète de numérisation développée par Google, et les responsables des grandes bibliothèques nationales ont été consultés dans l'urgence par Viviane Reding, Commissaire Européenne de la Société de l'Information et des Médias. En ces temps de doutes sur l'avenir de l'Europe (que révèle la montée progressive du "non" à la Constitution), une polémique intra-européenne était quasiment impossible. C'est pourquoi la proposition de Lord Eatwell, président de la British Library a finalement été accepté après d'âpres discussions (et semble-t-il l'intervention personnelle de José Manuel Barroso) : l'Europe va établir un partenariat avec la firme Google, malgré l'opposition des français qui préféraient un accord avec la firme Microsoft.
Un consortium va être créé, qui regroupera d'une part Google, et d'autre part des entreprises de pointe européennes pour la mise en place d'un programme Google Print Europe, dont le siège sera sans doute à Strasbourg (il semblerait que cette concession ait été obtenue par les Français en échange de leur accord, bien que les Britanniques aient préféré Bruxelles pour des raisons d'accessibilité). Des indiscrétions laissent penser que M. Jean-Noël Jeanneney en serait nommé directeur technique (une autre concession obtenue dans la négiociation). La Commission Européenne serait prête à débloquer 30 millions d'euros pour les études préliminaires, et un addendum va être publié au 6ème PCRD, contenant un appel à propositions pour la construction d'un démonstrateur. Un guide du proposant de 498 pages va bientôt être publié au format pdf sur le site de la Commission Européenne.
En attendant, afin de montrer l'esprit de partenariat qui règne désormais entre l'Europe et le géant américain, et peut-être pour faire oublier les polémiques récentes, la BNF a offert à Google de l'aider sur une technologie que cette firme maîtrise mal, la numérisation de documents historiques en mode fac-similé, dont Gallica s'est fait une spécialité. M. Jeanneney souligne le caractère éphémère du Web, et souhaite que l'on puisse garder une mémoire de documents électroniques qui seraient autrement perdus (d'où son grand projet d'archivage du Web francophone; voir article de Libération). Reconnaissant finalement Google comme partie de l'héritage culturel de l'humanité, la BNF va donc numériser des copies d'écran historiques de Google, qui ont parfois été sauvées par des internautes curieux ou chanceux, et qui sont menacées de disparition.
J'avais moi-même signalé sur ce blog une copie d'écran remarquable de Google News signalant l'arrestation de George W. Bush à Ottawa pour crimes de guerre. Heureusement que zone-h était là.
Une autre image qui mérite d'être archivée est celle de la requête "the" qui a retourné pendant un court instant plus de 10 milliards de résultats en novembre 2004. Mais Nathan Weiberg veillait !
Seront également archivés les logos "festifs" dont Google orne de temps à autre sa page d'accueil. J'avais mentionné celui de la Journée de la Femme, mais je pense que le favori de M. Jeanneney sera celui-ci (20 mars 2005, Journée de la Francophonie), qui montre que Google n'est pas rancunier (mais les discussions étaient sans doute déjà entamées -- ceci expliquerait cela) :
Ah oui, j'oubliais, le nom de code de ce projet ambitieux de numérisation de copies d'écran est Piscica.
10 Commentaires:
Superbe article, le nom de ce projet levant le dernier semblant de doute.
Vais allez pêcher moi !
:)
Je suis tout de même étonné de constater que google soit aussi incontournable pour monter un tel consortium
j'attend de voir la composition finale...
Comme quoi quand il y a du grabuge on peut trouver des fonds additionnels pour la R&D européenne...
Très intéressant. Pourriez-vous donner les sources de ces informations judicieusement mises en valeur ?
;-)
Tout est vrai la preuve La BNF et Google on déjà commencé leur collaboration :
http://signets.bnf.fr/html/recherche.html
Finallement l'idée est belle; malheureusement on n'ai pas à Rungis ici!
J'avais pas fait gaffe au nom du projet
Joli post ! La seule déception est qu'il ne soit pas vrai en fin de compte.
Je me suis bien fait avoir. Si seulement ça pouvait être vrai !
J'avais pas fait gaffe au nom du projet
Joli post ! La seule déception est qu'il ne soit pas vrai en fin de compte.
Je me suis bien fait avoir. Si seulement ça pouvait être vrai !
Hi, hi ! j'aurais dû mettre un petit smiley de saison :
<><
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