Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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lundi, novembre 14, 2005

Texte: Chirac sur un nuage

Voici les "nuages" de mots [voir 1 et 2] de l'allocution du président Chirac, diffusée il y a quelques minutes (la taille reflète la fréquence; vous pouvez cliquer pour avoir les contextes d'utilisation de chaque mot):

Les noms (qui apparaissent au moins trois fois) :


Les verbes (qui apparaissent au moins deux fois):


Rappel des difficultés que vivent nos compatriotes (il faut être "près des gens"...). Rappel à la loi. Rappel des devoirs. Le mot banlieue n'est jamais prononcé. Le président parle de quartiers (c'est connu) ou de territoires (ça, c'est nouveau). Mais je vous laisse commenter librement...

L'original est disponible en version écrite et audio sur le site de l'Elysée.


20 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Je suis certain que « devoir » et « savoir » (voire « pouvoir ») ne sont pratiquement jamais utilisés à l'infinitif comme verbes dans un tel contexte, mais comme des substantifs. La nature ne veut strictement rien dire, tout est dans la fonction des mots.

14 novembre, 2005 22:39  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Dominique> Exact! J'ai tout passé dans un "lemmatiseur" qui calcule (modulo quelques erreurs par-ci par-là) la forme de base de mots. Les formes de "devoir - verbe" sont les suivantes :

7 doivent
3 doit
1 devons

Le mot "devoir" - nom est employé une fois lui aussi (le devoir de la République), mais il n'est pas comptabilisé avec le verbe "devoir".

Merci Dominique de ce regard attentif qui me donne l'occasion de préciser les choses!

14 novembre, 2005 22:51  
Blogger Loran a écrit...

c'est etrange ce mot difficulté au milieu des autres mots plus "presidentiels".

Bonne soiree

14 novembre, 2005 23:17  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Loran> On a dû lui souffler qu'il fallait qu'il se rende "proche" de ceux qui souffrent : "Face aux souffrances et aux difficultés de tant de nos concitoyens", " Des problèmes, des difficultés, beaucoup de Français en ont. " , etc.

Dommage que je n'aie pas eu le temps de générer les contextes comme pour "banlieues"...

14 novembre, 2005 23:24  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est un veritable vocabulaire de geographie spatiale et sociale:

- le lieu
- le groupe social

Avec un groupe de mots pour evoquer la crise:

- crise, violence, evenement

Et un rappel aux principes:

- loi, republique, regle

C'est marrant mais si on regroupe les mots par classe semantique on dessine (automatiquement) le sens politique du discours

Commentaires d'un beotien je le precise ...

15 novembre, 2005 07:00  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonymous> Béotien. Pas tant que ça, c'est bien vu.

15 novembre, 2005 08:23  
Blogger Jean Véronis a écrit...

J'ai ajouté des liens vers les contextes...

15 novembre, 2005 08:23  
Anonymous Anonyme a écrit...

Derrière ces nuages de mots, il faut plutôt voir les termes que les conseillers en communication de Mr Chirac ont décidé de bannir de ce discours.
Aucune trace du mot immigration, auquel nous ramène pourtant la plupart des thèmes évoqués par Mr le président (appartenance à la république, incitation à la discrimination positive, regroupement familiale...)

15 novembre, 2005 10:05  
Anonymous Anonyme a écrit...

Dommage, quelque part, qu'on n'enseigne pas - il ne semble pas, du moins - ce genre de techniques aux rédacteurs des discours présidentiels. Ca permettrait de calibrer un discours pour ce qu'on veut en faire, au besoin en rajoutant des mots pour faire gonfler le nuage dans un sens ou dans l'autre.

Je suppose que ce nuage n'est pas anodin. Il doit se dégager du discours une impression, une tonalité, que cette mesure met plus ou moins au jour, en révélant les mots les plus employés.

Cela dit, pour donner une note politique, je suis étonné par la teneur de ce discours, tout de même. Je trouve que ça ne ressemble pas vraiment à du Chirac. Il aurait changé de rédacteur ?

15 novembre, 2005 10:08  
Anonymous Anonyme a écrit...

Cher theorus, heureusement que les rédacteurs des discours présidentiels (ou autres personnalités politiques) ne sont pas formés aux techniques de haut niveau d'analyse du langage et de discours :)

Sinon, j'ai lu la version écrite du discours sur le site de l'Elysée et j'ai remarqué que l'expression (mythique ?) "mes chers compatriotes" revient 3 fois. Au début, au milieu et en fin du discours. Calcul des rédacteurs ?

En tous cas, ce blog est passionnant, peut-être aussi parce qu'on y tient pas un discours passionné ;)

15 novembre, 2005 11:32  
Anonymous Anonyme a écrit...

Croyez-vous que les personalités politiques utilise(ro)nt des "nuages" pour concevoir leurs discours ? je crois qu'il éxiste des logiciels qui permettent cela... C'est enrichissant en tout cas, une fois de plus.

15 novembre, 2005 13:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

Et a un autre niveau existe-t-il des outils pour inventorier et classer les figures(?) employées dans son discours, par exemple : "Mettre en cohérence discours et actes" etc.

15 novembre, 2005 15:39  
Anonymous Anonyme a écrit...

Dièse : Aucune trace du mot immigration

Rappelons que certains considèrent comme des immigrés les Antillais, les Réunionnais, les Mahoris, les Harkis, alors qu'ils ont payé un lourd tribut avant d'appartenir à la France. Immigré, c'est le mot soft, politiquement correct dans leur langage raciste pour parler des gens qui sont d'une autre couleur ou dont les parents sont venus d'un autre continent. Noir antillais ou Noir africain, Arabe ou Kabyle algérien ou Arabe ou Kabyle harki, quelle différence ? Et celui qui est issu d'un mariage mixte, il est encore immigré ? Toujours immigré ? Ses enfants le seront encore et on comptera les quartiers de francitude comme on le faisait pour les quartiers de noblesse ou de métissage ? Cette logique folle nous conduit au désastre.

15 novembre, 2005 18:48  
Blogger Jean Véronis a écrit...

David> outils pour inventorier et classer les figures -- je ne pense pas...

15 novembre, 2005 20:59  
Anonymous Anonyme a écrit...

Très intéressant en effet... On peut aussi remarquer que le mot "naturellement", un tic célèbre de Chirac est absent du discours. Pour mémoire, le 3 mai dernier au 20h, il l'avait répété 20 fois si j'ai bien compté:
Constitution pour l' Europe: Interview de M. Jacques CHIRAC

De là à penser que le président est si largué qu'il ne trouve plus rien de naturel à la situation, il n'y a qu'un pas...

Merci en tous cas pour cette analyse.

Jul

15 novembre, 2005 22:30  
Anonymous Anonyme a écrit...

chirac :

« Je rencontrerai également l'ensemble des responsables de l'audiovisuel. Les médias doivent mieux refléter la réalité française d'aujourd'hui. »

loi instituant un état d'urgence :

« article 11-2 Habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales. »

mais où est donc annoncé le rétablissement du ministère de l'information ?

]m[

ps : kirovitch, je compte personnellement quatre occurrences des chers compatriotes

16 novembre, 2005 05:29  
Blogger Daniel Berzosa a écrit...

Bonjour,
Membre du collectif "univers de marques", je voulais attirer votre attention sur notre blog "marketing Patrol" qui publie des bulletins d'etonnement.En marge de l'affaires Sarko-Adwords, j'ai noté depuis que certaines compagnie d'assurances (natamment assurland" et autres opérateurs adwordiens se sont lancé dans le "fear marketing", surfant sur la vague racailleuse. C'est là une nouveauté où le marketing y gagne ce que l'humanité y perd...Je donne quelques exemples relevés ce matin, mais je n'ai pas tapé l'intégralité des "maux-clés", naturellement...
L'adresse du blog : http://marketingpatrol.blogspot.com/

16 novembre, 2005 13:16  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je voulais réagir sur la photo du président en fin de votre billet. On y voit écrit "Déclaration aux Français".
Or une coquille sur le site de l'Elysée a fait dire "Déclaration au français" au singulier. Qu'ont-ils avec le français nos hommes politiques?



la preuve en image

17 novembre, 2005 07:14  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pascal Riché sur A l'heure américaine avait fait le même exercice avec un discours de Bush justifiant la guerre en Irak... je crois qu'il faut quand même aller revoir ça, qui est bien plus saisissant que le discours de Chirac :
http://usa.blogs.liberation.fr/2005/06/pourquoi_la_gue.html

17 novembre, 2005 12:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

à Theorus :
Parfois, certains hommes politiques n'hésitent pas à utiliser les travaux de lexicologie politique.
Un exemple : Deroubaix et Gobin on réalisé une étude du vocabulaire de présentation de la Commission européenne par les présidents successifs de l'origine à jacques Delors. Cette étude a circulé dans les milieux européens. La lecture de la première déclaration du successeur de M. Delors, M. Santer est éclairante. L'étude avait par exemple mis en évidence l'usage nouveau introduit par Jacques Delors de s'adresser au parlement en interpellant les députés. Jacques Santer reprend cet usage, dans les mêmes formes. Qu'une partie du vocabulaire soit commune à delors et Santer, quoi de plus "normal" c'est la règle dans ce genre de discours. Mais la reprise de la forme et du vocabulaire attaché à cette forem est plus rare. Tout ça n'est évidemment que difficilement "prouvable". mais est néanmoins sensible.

29 novembre, 2005 14:20  

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